Anne et Lore, jeunes filles de bourges et élèves d’un pensionnat religieux, vouent une adoration à Satan. Délaissées par leurs parents et fatiguées de la messe dominicale, elles se rêvent diaboliques, avec pour unique but de répandre le mal.
Joël Séria est un réalisateur incroyable. Et rayé de l’histoire du cinéma français. Il y a bien le souvenir du formidable « Les Galettes de Pont-Aven » qui revient de temps à autre, mais guère plus. Il serait criminel de ne pas voir ses films de 70 à 77, et surtout Mais ne nous délivrez pas du mal.
Dans une plusieurs interviews et notamment une qu’il a donnée à Chaosreign, Séria explique cette envie de tout casser et des comptes qu’il a à régler avec son éducation religieuse. Il évoque également un fait divers impliquant une adolescente néo-zélandaise qui, avec la complicité d’une amie, a assassiné sa mère. Un triste événement qui a inspiré « Créatures Célestes » de Peter Jackson, probablement l’un de ses films les plus méconnus.
Brûlot contestataire, Mais ne nous délivrez pas du mal sera totalement interdit à la sortie (et sans l’accord du CNC) et Séria devra procéder à quelques coupes pour que le film puisse être distribué. En fait, il deviendra un objet de culte aux États-Unis et au Japon, mais ne sera jamais vraiment reconnu à sa juste valeur chez nous.
Un film qui commence comme comédie franchouillarde un peu potache et attachante, avant qu’un viol par un fermier teubé ne vienne remettre les pendules à l’heure. Non, nous ne sommes définitivement pas chez Yves Robert. Et le film à cette faculté incroyable de totalement basculer vers le gros malaise. Des hommes surtout. Jusque-là cantonnés à des idiots de campagne, ils deviennent tout à coup des prédateurs, tous sauf les papas respectifs des deux jeunes filles, qui eux sont simplement des bourgeois qui ne comprennent rien et ne s’inquiète de rien.
Après un point de non-retour terrible, Séria ira jusqu’au bout du blasphème dans un final terrifiant et qui n’épargnera personne.
A noter que ce sacré Joël à pendant longtemps eu l’idée absurde d’une suite, mais que la mort de l’actrice Catherine Wagener à mis fin à toute tentative.
Le film n’étant auparavant disponible chez nous que dans un coffret aujourd’hui inaccessible, les Éditions Montparnasse ont sortie un Blu-ray en 2022. Une édition qui fait le strict minimum. Comme souvent, ce sont les Américains qui proposent les meilleures éditions, avec celle de Mondo Macabro.
Et bein il m’a bien donné envie de voir le film cet article, j’ai envie de savoir si elles ont réussi à répandre le mal! (j’espère que oui)
Oui il faut voir ce chef-d’œuvre fou !